Jean Laube
artiste
https://www.documentsdartistes.org/artistes/laube/repro.html
Entretien radiophonique avec Jean Laube
Rue de la Joliette
C’est dans une ancienne usine de chaussures. Quand les chaussures furent faites
ailleurs cela fit place à autre chose, puis à de jeunes artistes, puis d’autres, et
encore aujourd’hui. C’est un atelier partagé, on s’y croise le plus souvent, on s’y
retrouve parfois. On y invite d’autres artistes et des visiteurs. Cela s’est construit
par strates, cloisons, échelles, plateformes, espaces clos ouverts les uns sur les
autres. Le sol est en carreaux de terre, rouges devenus noirs, les murs très hauts,
blancs, une charpente énorme, de rares fenêtres.
De là, on entend les manifestations sur la Porte d’Aix, les radios des voisins, la
voisine du dessous en colère, celui qui ponce.
Je le range depuis longtemps. Fermé je l’oublie. Tout y est contenu, c’est une
réserve de couleurs, de formes, de pièces et de fragments, de grands et de petits
outils. Les choses y existent en rayon, en caisses, aux murs, sur des tables, en
différents états : possibles, commencées, finies, à refaire. Elles existent rangées
là, puis elles existent autrement une fois exposées. C’est un lieu de réserve et
d’invention. Les gestes retrouvés quand j’y reviens sont au présent, me rendent
présent. J’en ressors croyant voir mieux. Je repars en fin de journée, juste avant
de partir, je stoppe, j’arrête ce que je retrouverai intact, mais qui aura travaillé
entre temps.
Au pied de l’immeuble un marchand import-export, les voitures neuves luisent et
attendent.
Jean Laube, janvier 2023
C’est dans une ancienne usine de chaussures. Quand les chaussures furent faites
ailleurs cela fit place à autre chose, puis à de jeunes artistes, puis d’autres, et
encore aujourd’hui. C’est un atelier partagé, on s’y croise le plus souvent, on s’y
retrouve parfois. On y invite d’autres artistes et des visiteurs. Cela s’est construit
par strates, cloisons, échelles, plateformes, espaces clos ouverts les uns sur les
autres. Le sol est en carreaux de terre, rouges devenus noirs, les murs très hauts,
blancs, une charpente énorme, de rares fenêtres.
De là, on entend les manifestations sur la Porte d’Aix, les radios des voisins, la
voisine du dessous en colère, celui qui ponce.
Je le range depuis longtemps. Fermé je l’oublie. Tout y est contenu, c’est une
réserve de couleurs, de formes, de pièces et de fragments, de grands et de petits
outils. Les choses y existent en rayon, en caisses, aux murs, sur des tables, en
différents états : possibles, commencées, finies, à refaire. Elles existent rangées
là, puis elles existent autrement une fois exposées. C’est un lieu de réserve et
d’invention. Les gestes retrouvés quand j’y reviens sont au présent, me rendent
présent. J’en ressors croyant voir mieux. Je repars en fin de journée, juste avant
de partir, je stoppe, j’arrête ce que je retrouverai intact, mais qui aura travaillé
entre temps.
Au pied de l’immeuble un marchand import-export, les voitures neuves luisent et
attendent.
Jean Laube, janvier 2023